Interview : développeurs du jeu Swim Out – Lozange Lab


Interview : développeurs du jeu Swim Out - Lozange Lab

La Casual Connect m’a permis de retrouver d’autres développeurs de jeux vidéo français que j’avais déjà rencontrés lors de l’édition de 2015 à Amsterdam.

Lire aussi l’article sur la Casual Connect : 7 raisons de participer à l’IndiePrize.

Basés à Metz, voici Augusta et Mathieu, un couple de développeurs de jeux vidéo qui forment le studio Lozange Lab. Cette entrevue nous révèle leur parcours et leurs ambitions.

Les conseils qu’ils m’ont confiés seront très utiles pour ceux qui se lancent dans la création d’un studio de jeux vidéo, mais aussi dans le développement de jeux de puzzles.

Retrouvailles des développeurs de Lozange Lab (à gauche) à la Casual Connect Europe 2018

Voici l’interview audio retranscrite capturée lors de la Causal Connect Europe 2018.

Pourriez-vous vous présenter ainsi que votre studio et votre parcours ?

Mathieu : Le studio s’appelle Lozange Lab, on est basé à Metz, dans le nord-est de la France. On est un studio de développement de jeux vidéo composé de deux personnes. Notre dernier jeu s’appelle Swim Out, c’est un puzzle game.

SwimOut est téléchargeable sur mobile, Nintendo Switch, PC et Mac.

SwitOut

Toutes les informations sur le site officiel de Swim Out.

Augusta : On a créé Lozange Lab en 2014, il y a quelques années. Swim Out est un jeu qui vient de sortir. C’est le deuxième jeu créé par le studio. Pour la formation, on a tous les deux suivi la même fac, formation de développeur pure. Je m’occupe de la partie graphisme en autodidacte. Mathieu est musicien autodidacte. Le game design, le level design, le QA, le bug testing, on fait ça en commun. Mathieu fait en plus, la partie relation presse.

Vous n’avez pas fait appel à de l’aide extérieure ?

Mathieu : On aime bien tout faire nous-mêmes…

Augusta : En autarcie !

Mathieu : …même si on met bien plus de temps que des spécialistes sur certaines choses.

Augusta : Le gros point faible, c’est tout ce qui est « promotion du jeu ». Là, c’est vraiment plus difficile de le faire soi-même.

Comment en êtes-vous venu à développer des jeux vidéo ?

Augusta : Quand j’ai fait la fac d’informatique, j’étais parti dans l’idée de faire des jeux avec tout ce beau code. C’était l’époque des premiers jeux, au tout début de la 3D. C’était assez fascinant. Après il y a eu les réalités économiques qui font que j’ai plus bossé dans le développement pour le milieu bancaire, institution, assurances, etc. Et puis au bout d’un moment, quand on travaille tous les jours et qu’on ne sait pas trop pourquoi, on revient à ses premiers amours, le jeu vidéo.

Mathieu : On s’est dit : « Soit, on le fait maintenant, soit, on ne le fera jamais ! ». On est plus tous jeunes, donc il y a un moment où l’on se dit : « il faut se lancer ! » Donc on s’est lancé tous les deux comme des grands.

Augusta et Mathieu, les développeurs du jeu vidéo Swim Out

Augusta et Mathieu, les développeurs du jeu vidéo Swim Out

Pourquoi êtes-vous spécialisé dans le puzzle game ?

Augusta : On aime déjà beaucoup les puzzles. C’est un format relativement rapide à développer. On aime bien les jeux un peu brain teasing.

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Mathieu : On n’est pas très branché « jeux d’action » où il faut tirer sur des zombies. C’est vraiment par goûts personnels. Mais on ne va faire que des puzzles toute notre vie, mais c’est un genre qu’on aime beaucoup. On aime aussi les jeux d’aventure, les jeux de gestion.

Augusta : Pour un jeu d’aventure, on est forcément dans des délais de production beaucoup plus longs. Globalement, pour nos jeux, la production est autofinancée. Sur les deux premiers jeux, on s’était fixé des délais de création de jeux qui devait être de l’ordre de quelques mois maximum. C’est aussi pour ça que le format puzzle est bon. Ce format ne demande ni beaucoup de personnes ni beaucoup de temps. C’est surtout les mécaniques de jeux qui vont en faire un bon jeu. Il y a de très beaux jeux de puzzles que je trouve un peu chiants par exemple.

Quelle est votre motivation pour continuer à travailler sur vos projets ?

Augusta : Au début, on a trop envie de voir le résultat. Après on est dans une phase d’excitation : « C’est tellement magnifique, il faut le finir ! » À la fin, on n’en peut plus, on en a marre, il faut vite que ça se finisse. Mais j’exagère.

Mathieu : Comme on devient passionné par notre projet, on rajoute des choses. On a plein d’idées qui arrivent au fur et à mesure. En faisant le proto, en faisant le premier niveau. On se dit : « Tiens, si l’on rajoutait ça. » Mais, à un moment, à force de rajouter, on ne va jamais arriver au bout du développement. On se dit : « Stop ! Ça, on l’enlève. » Parce qu’il faut finir ce jeu, un jour ou l’autre. C’est la motivation finale : finir le projet.

Augusta : On se fixe une date un peu arbitraire. Quand on bosse à deux chez soit 24/24 il y a une limite. Avant d’arriver à cette phase-là, on remet tout à plat et l’on trie pour arriver à finir à la date fixée.

Swim Out à la Casual Connect Europe 2018

Swim Out à la Casual Connect Europe 2018

Avez-vous respecté cette milestone ?

Augusta : On l’a changée en cours de production. On a dû arrêter la production pendant deux mois pour bosser sur un contrat afin de financer le projet.

Mathieu : En le reprenant, on a pris du recul, on a eu une vision sur ce qu’on voulait changer.

Essayez-vous de faire de la prestation afin de vous autofinancer ?

Mathieu : On fait de la prestation dans des domaines qui nous intéressent comme des acteurs de théâtres.

Augusta : C’est très intéressant, mais si l’on faisait le calcul, ça serait plus intéressant d’aller bosser un mois pour une banque. On essaie de rester dans des choses qui sont ludiques, dans l’expérience, dans le jeu. Ça nous permet de sortir de ce qu’on fait, c’est enrichissant. Arrivé à la fin d’une première itération, on voit de nouvelles choses. C’est très important pour le « bol d’air ». Par contre, le problème du milieu artistique et culturel c’est qu’il n’y a pas beaucoup plus de « tunes » qu’ailleurs. On essaie de faire une ou deux prestations par an et de se limiter à quelque chose qui va nous consommer un mois et demi, trois mois, maximum.

Swim Out sur iPad

Swim Out sur iPad

Quels outils utilisez-vous pour développer vos jeux ?

Mathieu : Le développement se fait sous Unity en C#, comme le développement de tous nos jeux.

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Unity : Le moteur de développement de jeux vidéo

Augusta : Je fais tout dans Adobe Illustrator en fait. L’animation est faite en image par image. Mais il y a beaucoup d’animations qui sont faites par le code ou des shaders.

Interface de Adobe Illustrator, l'outil de création graphique vectoriel

Interface de Adobe Illustrator, l’outil de création graphique vectoriel

Mathieu : Par exemple le mouvement de l’eau ce n’est pas une animation, c’est le shader qui fait onduler l’eau. La musique a été faite avec en partie Garage Band sur iPad, pratique et rapide d’ailleurs.

Garage Band sur iPad, l'outil de création musicale

Garage Band sur iPad, l’outil de création musicale

Augusta : On a utilisé Tiled pour le level design. On voulait un éditeur graphique. Ce n’est pas un outil à utiliser pour un néophyte total. C’est très pratique, mais je dois l’utiliser à 2% de ses capacités.

Tiled, l'outil pour créer des niveaux de jeux vidéo

Tiled, l’outil pour créer des niveaux de jeux vidéo

Auriez-vous des conseils à donner aux développeurs de jeux de puzzles amateurs ?

Augusta : Avoir un concept de base dans la simplicité. Un concept qui est déjà trop bon et très drôle. Pas besoin d’en rajouter plus. C’est l’erreur à ne pas faire. À la fin, on ne sait même plus quel est son jeu. Essayez de trouver le tout petit truc qui est fun. Le tout petit moment qui fait dire : « Ah ! J’aime bien ce jeu ! »

Mathieu : Faire un prototype assez rapidement sur ordinateur ou papier. Ne pas faire tester à ses potes parce qu’ils n’osent pas dire quoi que ce soit. Faire tester rapidement le jeu, si ce n’est pas fun, passer à autre chose.

Avez-vous une référence en matière de puzzle game ?

Augusta : Lemmings, c’est un des jeux que je trouve parfait. C’est simple, très drôle.

Lemmings

Mathieu : On essaie pas mal de choses en fait, mais je n’ai rien qui me vient à l’esprit là.

Benoit : Merci Augusta, merci Mathieu.

Augusta & Mathieu : Merci beaucoup.

Voilà, c’est finir pour cette entrevue, mais d’autres interviews sont prévues dans les prochains articles.

Quels autres développeurs de jeux professionnels aimeriez-vous que j’interviewe ?

Plusieurs de mes amis sont développeurs de jeux vidéo au Japon, développeurs chez Ubisoft ou encore développeurs indépendants et dans plusieurs domaines : marketing, programmation, game design, level design. N’hésitez pas à me parler de vos attentes dans les commentaires ou en me contactant.

Bon dev et à bientôt !


Benoît Freslon

J'adore amuser les gens avec mes jeux depuis mon plus jeune âge. Je suis développeur professionnel de jeux vidéo depuis 2006, créateur de jeux vidéo indépendants, formateur dans les écoles de jeux vidéo, mais aussi game designer et développeur en Freelance.

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