Mes conseils de pro pour réussir votre Game Jam
La phase d’idéation : les bases du succès
Pendant le brainstorming, notez tout !
Une fois que vous avez pris connaissance du thème, réfléchissez et listez TOUTES les idées qui vous viennent à l’esprit. Ne vous arrêtez pas à la première. Le thème est un déclencheur qui vous amenera sur plein de pistes différentes. Ne vous obstinez pas à vouloir respester à 100% le thème, vous pouvez l’interpréter comme vous le souhaitez.
Armez-vous de papier et notez absolument tout. Une idée vous semble nulle ou stupide ? Notez-la quand même ! Sortez-la de votre cerveau, décrivez-la en détail, illustrez-la avec des schémas et des petits storyboards qui montrent les situations de jeu potentielles.
L’étincelle créative peut jaillir de partout : un thème qui vous parle, un concept qui vous fascine, ou cette mécanique de jeu qui vous vient instantanément en tête quand vous découvrez le thème de la jam.
Ne vous mettez pas la pression pour trouver LA bonne idée. L’inspiration peut surgir n’importe où, n’importe quand. Pas besoin de rester enfermé dans une salle pour brainstormer – sortez prendre l’air, rentrez prendre une douche, ou même sirotez une bière pour faire tomber les barrières mentales et libérer votre créativité.
Simplifiez
Vous n’allez pas pouvoir intégrer toutes les idées que vous aurez listées. Concentrez vous sur UNE SEULE CHOSE : un concept, une mécanique, une direction artistique, un élément central, un seul coeur de jeu, soit un seul gameplay que vous allez exploité.
D’ailleurs, si vos intentions sont réalisables en 2D, alors inutile de vouloir faire un jeu en 3D.
Restez simple et appliquez le principe KISS : Keep It Super Simple. Vous maximiserez les chances de créer un jeu simple et efficace et surtout de terminer votre projet.
N’allez pas réinventer la roue
Pour être original, il ne faut pas tout remettre en question mais il suffit de s’inspirer à 90% de quelque chose d’existant et d’y ajouter 10% d’originalité. Partez sur un jeu de genre connu qui sera plus pratique à développer. Exemples : platformer, FPS, jeu d’horreur, jeu narratif, etc. Ajoutez votre touche personnelle, un twist, un ajout quelconque, un style artistique, etc.
Libérez votre créativité
Enfin, n’ayez pas peur d’aller dans des concepts absurdes ou déjantés ! Les game jams permettent de laisser libre cours à son imagination, alors profitez-en pour explorer des idées “what the fuck”. Ce sont souvent les concepts les plus loufoques qui font mouche, et même si l’idée est simple, le fun et l’originalité feront la différence.
Pitcher votre idée
N’hésitez surtout pas à pitcher vos idées autour de vous. Si les gens comprennent facilement votre concept, c’est bon signe ! Au contraire, si vous galérez à l’expliquer, c’est peut-être que c’est trop complexe pour une game jam. Ces retoursvous permettront aussi de jauger si votre idée a du potentiel et si elle accroche.
Gardez en tête que votre concept va forcément évoluer : votre équipe va apporter ses contributions, le projet va prendre forme, des obstacles vont surgir. C’est normal ! L’important est de partir avec des intentions claires, ce qu’on appelle les piliers de design : quelles émotions voulez-vous susciter ? Quelle mécanique sera au cœur du gameplay ? Une fois ces bases posées, vous pourrez construire tout le reste autour.
Le choix du concept
Choisissez un concept qui fait rire et qui plaît à toute l’équipe. C’est la base même d’une game jam réussie : vous devez vous amuser pendant le développement pour créer un jeu qui amusera les autres.
Constituer une équipe équilibrée
Idéalement, associez-vous avec des personnes complémentaires et avec lesquelles vous avez un certain feeling. Vous allez devoir faire confiance à vos partenaires et bien vous entendre durant toute la jam.
Si vous avez déjà constitué une équipe avant la jam assurez vous d’avoir les bonnes ressources.
Une équipe type est composée d’au moins :
- 1 Game Designer
- 1 Game Artist
- 1 Programmeur
- 1 Compositeur / Sound Designer
Bien entendu, une personne peut endosser plusieurs rôles à la fois, mais on ne peut pas tout faire en même temps.
Désignez des leads
Si vous avez plusieurs graphistes, programmeurs ou game designers, désignez un lead qui tranchera rapidement en cas de désaccord. Cela évite de perdre du temps à débattre sans fin. Dans une game jam, chaque minute compte, donc ne vous attardez pas sur les décisions. Déléguez les choix de design, d’art, ou de programmation à des personnes de confiance, et jouez le jeu : si votre idée n’est pas retenue, ne vous braquez pas, l’essentiel est de s’amuser et d’avancer ensemble.
Constituez un moodboard
Un mooboard et un regroupemet d’éléments visuels, sonores ou de vidéos. Il s’agit d’une mosaique d’éléments qui permet de s’inspirer puis de prendre des décisions. Un outil en ligne et partagé comme Miro peut être très utile pour organiser et centraliser les éléments graphiques et sonores, ainsi que les documents de game design.
Développer et tester son concept
Définir vos intentions
Vos intentions vont guider le projet. Définissez-les bien et écrivez-les pour que tout le monde soit d’accord dès le départ. Première étape une fois le concept retenu : le game designer rédige un petit document de concept pour synthétiser tout ce qui a été discuté, afin que toute l’équipe ait la même vision.
Cela permet d’éviter les “ah mais non, mais en fait je ne pensais pas à ça !” au milieu ou à la fin du projet. Formez vos équipes rapidement et prototypez l’idée dès que possible. Testez si elle est réalisable, même de façon simple, sur papier, par exemple pour des mécaniques de tour par tour.
Untile de rédiger une bible de game design de 100 pages mais notez noir sur blanc vos intentions de designs, vos pilliers, votre vision générale. Cela permettra de mettre tout le monde sur la même longueur d’onde.
Utilisez également Google Docs pour le partage de fichiers et les mises à jour, afin que tout le monde soit synchronisé.
Créez des schémas, mock-ups, et wireframes
Réalisez des schémas, des mock-ups et des wireframes en gribouillant sur papier ou sur Photoshop. Visualisez à quoi ressemblera l’interface et commencez à réfléchir aux situations de jeu que vous pourrez intégrer.
Lister les éléments de gameplay
Lorsque vous avez des mécaniques propres à un personnage, pensez aux challenges qu’il va rencontrer : cela peut inclure des pièges, des power-ups, des ennemis, des plateformes, ou encore des puzzles.
N’oubliez pas le son et la musique
Le son et la musique sont essentiels pour créer une expérience immersive. Si vous avez un designer ou compositeur, travaillez avec lui le plus tôt possible pour élaborer des moodboards qui définissent l’ambiance sonore du jeu.
Prioriser et structurez la production
Construiser un prototype pour valider les bases
Appliquez la loi de Pareto (20% d’efforts pour 80% de résultats). Cette règle est particulièrement importante en prototypage pour valider les idées de base sans perdre de temps.
Sortez le plus rapidemet possible une version jouable, moche mais jouable. Continuez à faire évoluer le jeu sur chaque itération et build jouable. Ne passez pas trop de temps à peaufiner un élément au début.
Validez rapidement l’idée principale avec un prototype ultra-simple en vous concentrant sur les 3C : caméra, contrôle, et character (personnage). N’ajoutez pas de fonctionnalités accessoires comme la compatibilité manette ou réseau tant que l’idée de base n’est pas validée. Une fois les mécaniques de gameplay de base fonctionnelles, testez une première boucle de gameplay en intégrant une situation type : par exemple, pour un jeu de plateforme, mettez en place les bases de la mécanique de saut, un ennemi ou un autre élément de gameplay.
Dans un jeu de game jam, la boucle de gameplay (Objectif / Challenge / Reward) doit être rapide et immédiatement accessible. L’élément que le joueur fera 90% du temps doit être jouable dès les premières secondes. Exemple : Porte / Monstre / Trésor.
Simplifiez les systèmes et utiliser des placeholders
Si le projet nécessite des systèmes complexes (inventaire, cycle jour-nuit, gestion des ennemis, etc.), allez au plus simple. Pour éviter des développements coûteux, travaillez avec des situations scriptées pour tester vos idées. Cela permet de vérifier la faisabilité de certains concepts sans s’engager dans une structure complexe dès le début.
Evitez tout ce qui est procédural, trop systèmique ou des opens worlds. Cela n’est pas utile, pertinent et vous fera perdre du temps. Au final, vos intentions peuvent très facilement adaptés sans tout ça.
Utilisez des placeholders avant d’avoir les assets finaux, en commençant par définir les tailles et formes de chaque élément à l’écran. Un carré, un cube, des capsules peuvent faire l’affaire.
Travaillez les assets une fois le prototype validé
Quand le prototype est validé, passez aux assets plus aboutis. Si vous êtes sûr de l’orientation du projet, lancez-vous dans le graphisme et les sons en parallèle, même si des ajustements peuvent encore avoir lieu.
Un design simple et intuitif aide les joueurs à comprendre instantanément le rôle de chaque objet ou personnage dans le jeu. On parle ici de l’affordance : les propriétés des objets doivent suggérer leur usage ou leurs capacités.
Listez et priorisez les tâches
Une fois les éléments définis, commencez par les plus importants de votre jeu, ceux qui forment le cœur de l’expérience. Priorisez les assets à produire, en particulier ceux liés au personnage principal et à ses mécaniques.
Utilisez un fichier Google Sheet partagé pour lister les assets en incluant des colonnes pour la priorité, le nom de l’asset et la nomenclature (nom de fichier) afin que tout le monde s’y retrouve facilement.
Partager les avancées et communiquer
Dès que vous avez une version, même rudimentaire, d’un modèle 3D, d’un sprite ou d’une icône, partagez-la. Cela motive les autres membres de l’équipe et donne un aperçu de l’avancement du projet. En parallèle, cela permet d’obtenir des retours rapides.
Communiquez avec vos partenaires constamment en cas de problèmes ou d’incompréhesion. Faite également valider rapidemment ce que vous faites pour chaque tâche.
Sortez rapidement des situations bloquantes
Si vous êtes bloqué sur un élément de design ou technique, pas de panique. Mettez-vous un ultimatum : si le problème n’est pas résolu en X heures, il est temps de prendre une décision. Que ce soit un souci de design ou un obstacle technique, pensez à vos intentions de base. Simplifiez la mécanique, scriptz-la si elle est trop complexe, ou même supprimez-la si cela ne dénature pas l’idée initiale.
Pensez à prendre des pauses pour garder de la perspective et utiliser la technique du canard en plastique : expliquez votre problème à voix haute à un coéquipier ou même un objet. Dans 80% des cas, cela vous aide à trouver la solution par vous-même, ou votre interlocuteur peut proposer une simplification.
Passez du temps au polish
Finissez la première version de votre jeu tôt
Un jeu plus rapide à dévelopé sera peaufiné plus tôt et c’est la meilleure stratégie en Game Jam. Il est important de passer du temps faire tester votre jeu pour corriger les bugs, améliorer l’expérience utilisateur et le level design mais aussi équilibrer la difficulté plus finement.
Vous allez transformez votre jeu pour le rendre plus “fini”.
Il vaut mieux un concept simple mais polish qu’un concept trop gros mais pas fini.
Ajoutez du “juice” pour améliorer le game feel
Même si votre jeu ne semble pas encore très fun, travaillez le game feeling avec ce qu’on appelle le “juice”. Optimisez les contrôles, ajoutez des feedbacks visuels et sonores pour rendre le jeu satisfaisant. Un peu de particules, des effets sonores, des vibrations de caméra, et de fines animations ajoutent de l’impact. Cela peut transformer un jeu basique en une expérience agréable, même si le gameplay reste simple. Une fois que vous avez les 3C (caméra, contrôles, personnage) et un peu de juice, vous aurez une base solide et satisfaisante.
Playtestez et finalisez avec un tutoriel
Si possible, testez les jeux des autres participants pour échanger des retours constructifs. Les playtests sont essentiels pour repérer les derniers bugs et améliorer l’expérience utilisateur. Avant de finaliser, ajoutez un petit tutoriel pour aider les joueurs à comprendre rapidement les contrôles et les objectifs de votre jeu.
En bonus
- Dormez !
- Hydratez vous !
- Mangez !
- Garez votre calme !
- Prennez des pauses !
- Détramatisez ! C’est une game jam, une courte expérience humaine avant tout.
- Si vous n’arrivez pas à terminer votre projet, c’est toujours une très bonne expérience à prendre.
- Quoi qu’il arrive, soyez fiers de ce que aurez accompli.